Magazine Charilogone - Numéro spécial 006.MC.Sept.-Oct. 2025

Par: La Rédaction Charilogone

Le 30 août 2025, dans la ville de Nyala, capitale du Darfour du Sud, le général Mohamed Hamdan Dagalo, alias Hemedti, a prêté serment comme président du Conseil présidentiel du Soudan. Cette cérémonie marque la naissance du gouvernement de paix « Tassiss », une structure politique parallèle soutenue par les Forces de soutien rapide (FSR) et une coalition de mouvements civils. Ce gouvernement se présente comme une alternative à l’administration militaire du général Abdel Fattah al-Burhan, retranchée à Port-Soudan.

La création de « Tassiss » repose sur une déclaration fondatrice signée à Nairobi le 22 février 2025 par 24 organisations politiques et civiles, dont le SPLM-Nord. Ce texte propose un État laïque, fédéral et démocratique, en rupture avec le centralisme militaire. Il met l’accent sur la justice sociale, la pluralité ethnique et la gouvernance régionale. Pour ses signataires, « Tassiss » incarne l’espoir des Soudanais marginalisés et déplacés.

La première réunion du Conseil présidentiel, composée de 15 membres dont les gouverneurs des États sous contrôle FSR, a posé les bases de la gouvernance transitoire : coordination humanitaire, sécurité locale, mise en œuvre de la nouvelle Constitution et organisation du Forum national pour la paix. Nyala, ville meurtrie par les conflits, devient le centre symbolique de ce projet de refondation, bien qu’elle reste exposée aux frappes aériennes des Forces armées soudanaises.

La cérémonie de serment des membres du Conseil présidentiel vise à légitimer ce pouvoir parallèle. Tous ont juré de respecter la nouvelle Constitution transitoire et de servir le peuple soudanais. Les gouverneurs ont souligné leur volonté de rompre avec le centralisme khartoumien et de bâtir un Soudan pluraliste. Le message est clair : « Tassiss » n’est pas une rébellion, mais une alternative politique fondée sur des principes constitutionnels.

La nomination du Premier ministre civil Mohamed Hassan Al-Ta’aishi, annoncée le 27 juillet 2025, renforce cette dynamique. Ancien membre du Conseil de souveraineté et artisan de l’Accord de paix de Juba, Al-Ta’aishi incarne la voix civile dans une structure dominée par les militaires. Originaire du Darfour, diplômé en économie et anthropologie, il milite pour une reconstruction fondée sur la justice et la mémoire.

La Constitution transitoire adoptée par « Tassiss » abroge celle de 2019 et propose un cadre juridique nouveau : laïcité, décentralisation, pluralité ethnique, une armée nationale unique, et reconnaissance temporaire de groupes armés. Elle prévoit la cessation des conflits, la justice transitionnelle, la refondation institutionnelle et des élections libres dans 24 mois. Toutefois, des questions demeurent sur la place des femmes, l’indépendance judiciaire et la reconnaissance internationale.

Le 3 septembre 2025, Charilogone publie un rapport sur l’usage présumé d’armes chimiques par les Forces armées soudanaises dans l’Ouest du Darfour. Fondé sur des témoignages et des preuves médicales, ce rapport évoque des attaques au gaz neurotoxique contre des civils. En réponse, les États-Unis imposent des sanctions ciblées et appellent à une enquête indépendante.

Depuis avril 2023, le Soudan est divisé entre deux gouvernements rivaux : celui de Port-Soudan dirigé par Burhan, soutenu par des islamistes, et celui de Nyala dirigé par Dagalo. Le rejet du retour de l’ex-Premier ministre Abdallah Hamdok a précipité le pays dans le chaos. Le projet de « Tassiss », soutenu par une large coalition civile et militaire, propose une nouvelle constitution séduisante pour une majorité de Soudanais.

Sur le plan international, plusieurs pays appellent à un cessez-le-feu et à une transition inclusive. L’ONU reconnaît l’importance de « Tassiss » dans le processus de paix. Cependant, Burhan refuse toute négociation, ce qui pourrait mener à une balcanisation du pays. Le projet de « Tassiss » pourrait incarner l’avenir du Soudan, à condition que le dialogue l’emporte sur les armes.

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